Durant près de 1000 ans, la Dordogne a été un territoire clé pour l’ensemble de la période médiévale. Entre catholiques et protestants, seigneuries et royaume de France, féodalité et chevalerie, le Périgord a été au cœur de tous ces enjeux, ce qui explique en partie sa réputation de région aux 1001 châteaux.
Quelques moments clés de cette époque et quelques vestiges encore visibles
À Périgueux, l’histoire se Iit dans la pierre et la ville a eu son âge d’or au Moyen-Âge. Si vous empruntez la rue Limogeanne, vous marcherez sur l’axe d’arrivée des pèlerins de Compostelle. Sous la cathédrale Saint-Front, les cryptes du XIIème siècle n’ont pas bougées. Des collections d’objets antiques vous attendent au Musée Vésunna, bâti autour d’une vaste villa gallo-romaine. Durant la période gallo-romaine Vesunna est une capitale monumentale (c’est aujourd’hui le quartier sud de la ville de Périgueux), puis les Wisigoths occupèrent le territoire.
À partir du VI ème siècle, les premiers évêques créent le diocèse de Périgueux
avec un réseau d’églises et d’abbayes.
Saint-Amand de Coly ou Saint-Avit-Sénieur sont à la fois une abbaye et véritable forteresse avec un système de défense complexe.
Des vikings en Périgord !
Au lXème siècle, les vallées de l’lsle et de la Dordogne ainsi que Périgueux sont dévastées par les Normands. De nombreux habitants trouvent refuge dans les cluseaux : la Roque Saint-Christophe, la Madeleine, le Conquil et tous ceux visibles le Iong de la rivière Vézère. En vallée de la Vézère, la Roque Saint-Christophe fut aménagée au Xème siècle par Frotaire, évèque de Périgueux pour barrer la route aux Vikings qui remontaient le cours d’eau. Ces habitats troglodytiques servirent de refuge pendant des millénaires à diverses populations.
À cette même époque, Sarlat voit le jour et se construit autour d’une abbaye bénédictine qui n’est au départ qu’un couvent, entouré de quelques maisons appartenant aux comtes du Périgord. Plus tard, elle gagne son indépendance et devient prospère mais la ville subit aussi les assauts des invasions scandinaves. Des éléments d’art roman ont néanmoins traversé les siècles : la tour-porche, la lanterne des morts, la chapelle Saint-Benoît..
Et le Périgord devint anglais
À partir du Xllème siècle le mariage d’Aliénor d’Aquitaine avec Henri II Plantagenet donne le Périgord aux Anglais. Le pays, occupé militairement, vit de nombreuses forteresses construites le plus souvent le long des grandes rivières comme la Dordogne. Elle devint la frontière entre le territoire Plantagenêt et le territoire du roi de France. En 1152, le nord et le sud du département se divisent : Nord fidèle au Roi de France, Sud aux Anglais.
Au Xlllème siècle, c’est l’éclosion des bastides fondées par le roi de France, celui d’Angleterre ou par les comtes du Périgord. Le site est choisi en fonction de son implantation et du rôle militaire qui va lui être confié. Le plan architectural est toujours le même : un plan rectiligne avec des remparts, une place entourée d’arcades. Monpazier en est le plus bel exemple.
L’âge d’or des Templiers et des ordres religieux
Les Templiers et les Hospitaliers, les deux principaux ordres militaires de la chrétienté médiévale laissèrent aussi leur marques sur cette région déchirée par la guerre. Ils acquirent tant de richesses et d’influence que les autorités religieuses les supprimèrent en 1312. Une tour des Templiers reste visible à Sergeac et un ensemble de bâtiments, ayant appartenu aux Hospitaliers, est visible à Condat sur Vézère. À Domme, un guide vous accompagne pour la lecture iconographique des graffitis gravés sur les tours où ils furent emprisonnés… Bien des mystères demeurent.
Même si le Moyen-Âge fut, en Périgord, une époque troublée par de nombreuses guerres, le temps n’était pas propice à de vastes projets de construction. Des églises romanes furent construites en plein Xlllème siècle à l’époque où, dans le Nord de la France, se bâtissaient de grandes cathédrales gothiques. Mais ce style eut peu d’écho dans le Périgord. On pensait plus à se défendre comme à Paunat ou à Saint-Amand de Coly où les murs atteignent des hauteurs impressionnantes. Nos églises étaient fortifiées comme nos châteaux. Cela témoigne de la férocité des temps médiévaux dans la région.
Les châteaux médiévaux en Périgord Noir
En vallée de la Vézère
La Dordogne est réputée pour ses 1001 châteaux, la vallée de la Vézère en est un parfait exemple. Les villages regorgent de demeures moyenâgeuses, de la maison d’habitation simple au manoir d’antan ainsi que de nombreux châteaux privés datant de l’époque médiévale en partie.
Un château médiéval, forteresse oubliée : Commarque
Commarque est situé dans le cadre prestigieux de la vallée de la Beune, à Sireuil. C’est un remarquable ensemble fortifié moyenâgeux bien dissimulé dans la forêt et c’est ce qui en fait son charme.
Une occupation du site bien plus ancienne que le moyen-âge. Habité depuis la Préhistoire, il abrite, en dessous de ses imposantes ruines une grotte qui a été fréquentée à plusieurs reprises depuis le paléolithique par des chasseurs magdaléniens. Pour des raisons de conservation elle n’est pas ouverte au public mais des photographies exposées dans une salle du donjon donnent un bel aperçu des œuvres de cette cavité.
L’habitat préhistorique a été occupé régulièrement même au Moyen-Âge. Au pied du château des habitats troglodytiques creusés probablement vers le IXème ou Xème siècles donnent le point de départ de la visite.
C’est l’histoire du Périgord qui vous est contée !
Au XIIème siècle le château est construit par la famille de Commarque près d’une source et donné aux Templiers. Il devient une commanderie mais avec la disparition de l’ordre, les Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem le reprennent, érigent un donjon puis revendent la forteresse au baron de Beynac. La famille de Commarque doit alors cohabiter avec une branche cadette des Beynac : 6 familles (seigneuries) vont alors posséder en commun Commarque. Ensemble, ils restent les défenseurs fidèles de la couronne de France et luttent contre les envahisseurs : les Anglais ! C’est la guerre de Cent Ans ! Le château finira par passer sous domination anglaise pendant 6 mois. Mais après le rachat de sa liberté, la famille de Commarque chassera les Anglais du Sarladais et Pons de Commarque deviendra le plus puissant seigneur du Périgord. Il recevra en récompense de sa fidélité de la part de Charles VII le château de Campagne.
Au XVème et XVIème siècles, la demeure deviendra un repaire de brigands puis abandonné définitivement au XVIII°, elle tombera en ruine un siècle plus tard.
Aujourd’hui revenu dans la famille de Commarque, le château se visite, inspire les artistes, devient un lieu de tournage. Depuis plus de quarante ans Hubert de Commarque dédie sa vie à ce site classé Monument Historique et les visiteurs ne tarissent pas d’éloges devant ce fleuron de notre patrimoine périgourdin restauré avec tant d’ardeur.
En vallée de la Dordogne
L’image carte postale de la Dordogne ! La vallée de la Dordogne, à seulement quelques dizaines de minutes de Montignac-Lascaux, Le Bugue ou Limeuil, possède deux des châteaux médiévaux les plus renommés de France : Castelnaud et Beynac.
Les châteaux de Castelnaud et Beynac ont été construits au temps des invasions Normandes. Les deux rivaux se font face avec pour seule frontière la rivière Dordogne. Ils se sont transformés et agrandis pour se défendre. À la fin du Xllème siècle, Beynac était le siège de Richard Cœur de Lion, celui aussi de Simon de Montfort. Lieu de combats pendant la guerre de Cent ans, Beynac était français tandis que Castelnaud était anglais.
Les deux se situent près d’un village, sur une butte naturelle ou un éperon calcaire à 150 mètres au-dessus de la rivière, pour voir, de loin, les attaquants arriver. On remarque pour chacun de puissants murs crénelés, des courtines (quelques fragments pour Castelnaud) avec des tours circulaires pour mieux protéger le donjon et une très grande hauteur de mur pour empêcher l’assaut par des échelles.
Des panoramas et des enceintes fortifiées à couper le souffle !
Quel est le plus beau château de Dordogne ?
La plupart de nos châteaux n’ont pas de style unique et sont d’époques différentes. C’est aussi ce qui fait leur charme !
Les marques de ces transformations architecturales sont bien visibles. Biron en est un exemple : il est le résultat de 8 siècles de construction. Quant à Montfort, Fénelon ou Bourdeilles, ils ont été bâtis pour résister à des machines de guerre ou à des sièges. Après les ravages des guerres commence la grande folie castrale. De nombreux châteaux s’élèvent sans souci apparent de défense, les seigneurs accordent plus d’importance à l’esthétique : le plafond peint au Château de Bourdeilles, les murs décorés à Puymartin, les fenêtres sculptées à Puyguilhem… Mais que penser de Losse, Puymartin, Les Bories, Puyguilhem, Marzac, Les Milandes… qui déploient un décor d’une grande finesse ? Chacun a un attrait et ses particularités !
Si vous participez à « Châteaux en Fête » organisé par le Comité Départemental du Tourisme de Dordogne vous devrez peut-être faire des choix. Tous les ans, au printemps, l’événement permet de visiter de nombreuses demeures qui ouvrent leurs portes et proposent des animations inédites. L’occasion de connaître l’histoire de chaque propriétaire et de mieux s’imprégner des lieux.