Un écrivain à redécouvrir pour comprendre l’âme de notre région.
S’il est une œuvre en France qui a marqué les esprits grâce à son adaptation télévisuelle, c’est bien le livre : Jacquou le Croquant . Vous êtes nombreux à visiter la Vallée Vézère en voulant retrouver les lieux de tournage de ce feuilleton qui, en 1969 avait ému toute la France. C’est l’occasion de partir découvrir le Périgord et des villages méconnus comme Auriac du Périgord, Fanlac ou même le château de l’Herm dont les propriétaires œuvrent pour lui redonner son âme d’antan.
Recherche de l’harmonie entre l’homme et la nature
Si Eugène Le Roy n’a pas eu comme certains écrivains « régionalistes » une place très importante dans la littérature française, ses romans sont profondément ancrés dans la région avec des personnages forts, des intrigues très travaillées.
Né en 1830 au château de Hautefort où ses parents étaient de simples domestiques, il fut placé en nourrice chez une paysanne des environs. Ses souvenirs d’enfance marqueront fortement ses œuvres futures dans lesquelles abondent les enfants abandonnés, comme dans beaucoup de livres de son époque. De 1841 à 1847, il étudie à l’école rurale d’Hautefort puis en 1848 fréquente l’Ecole des frères à Périgueux, capitale du Périgord. En 1851, il refuse le séminaire et devient commis d’épicier à Paris. Il est ensuite militaire et précepteur. En se déplaçant beaucoup dans les campagnes, en côtoyant les paysans, il observe les lieux et le patrimoine. En 1877, il fait une demande d’admission à la loge maçonnique de Périgueux mais il n’y sera initié qu’en 1878. À partir de ce moment il écrit dans les journaux locaux, notamment des articles républicains et anticléricaux.
Les Périgourdins gardent en mémoire l’homme de lettres, l’auteur du livre Jacquou le Croquant publié en 1899 qui dépeint le monde paysan qui lutte contre la misère sous les règnes de Louis XVIII et Charles X. Initialement publié en feuilleton dans la revue de Paris sous le titre : « La forêt Barade », ce n’est pas avec cet ouvrage qu’Eugène Le Roy connut le succès. Son adaptation à la télévision française est un monument historique qui a peut-être permis de redécouvrir l’auteur. En 2007, Laurent Boutonnat adapte ce roman au cinéma et tourne de nombreuses scènes du film en Périgord Noir.
Eugène Leroy véhicule des opinions partisanes
Coutumier d’un cadre réaliste, un autre de ses livres : Le Moulin du Frau qui raconte la vie du narrateur se situe aussi en Périgord. Dans ce livre paru en 1891, on peut y déceler une véritable leçon de radicalisme sous la IIIème République. En 1896, il publie Mademoiselle de la Ralphie qui raconte la déchéance d’une fille de la noblesse dévorée par la passion pendant la monarchie de Juillet. En 1899, il publie le livre Les gens d’Aberoque dont l’histoire se situe dans la bourgeoisie provinciale sous le Second empire et la Troisième République. En 1900, c’est : La petite Nicette et le Grand Milou et en 1902 : L’année rustique en Périgord.
Il prend sa retraite à Montignac-Lascaux et refuse la légion d’honneur. Il meurt en 1907 et laisse un dernier ouvrage : L’ennemi de la mort .
Un emblème du département
Aujourd’hui, le collège de Bergerac, des établissements (Salle Eugène Leroy au Bugue, la médiathèque à Montignac-Lascaux) ou encore un espace à Hautefort honorent la vie et l’œuvre du célèbre écrivain en portant son nom.
Gérard Fayolle, ancien maire du Bugue et vice-président des arts et des lettres du Périgord a beaucoup écrit sur la Dordogne. Le Périgord de Jacquou le Croquant dont il est l’auteur fait revivre ce Périgord disparu et décrit une société en pleine mutation. C’est lors de son mandat qu’il attribue le nom de l’écrivain à cette salle des fêtes buguoise.
Les écrivains du Périgord font partie du patrimoine
Qu’ils soient nés en Périgord, qu’ils y aient vécu ou séjourné, notre département les a marqués. Depuis les troubadours, Bertran de Born, Arnaut Daniel à la Renaissance avec Pierre de Bourdeille, Montaigne et La Boétie jusqu’à nos jours avec Claude Seignolle, Thalie de Molènes, Michel Testut et Martin Walker… tous nous ont laissé des œuvres qui forment l’identité narrative de notre région, des histoires et des petites histoires qui ont façonné le Périgord.