Les églises de la vallée de la Vézère sont des monuments peu connus mais néanmoins attachants et très révélateurs de ce qu’a été dans les campagnes périgourdines l’architecture religieuse au Moyen-Âge.
Les églises à clocher-mur en Vallée Vézère
Dans l’analyse de ces édifices on voit apparaître un exemple de traits communs, notamment dans la simplicité des plans de l’époque romane : nef unique prolongée souvent par une abside rectangulaire ou la présence d’une tour sur l’abside.
Les églises romanes de notre vallée ont en commun une grande simplicité de plan, d’élévation et de décor convenant à l’humilité des communautés qui les ont édifiées. La plupart sont petites et humbles hormis bien sûr celles de Saint-Amand de Coly (abbaye) ou de Paunat (église abbatiale), monuments plus importants.
Partons à la découverte de ces joyaux périgourdins qui ont un élément architectural commun : le clocher-mur
Placé en haut ou à l’avant de l’édifice, le mur est percé d’une ou plusieurs baies destinées à accueillir une ou des cloches :
- Aubas,
- Les Farges,
- Coly-Saint-Amand,
- Fanlac,
- Thonac,
- Sergeac,
- Peyzac le Moustier,
- Mauzens et Miremont,
- Fleurac,
- Les Eyzies,
- Manaurie,
- Bars,
- Auriac du Périgord,
- Le Lardin Saint Lazare,
- Beauregard de Terrasson,
- Condat sur Vézère
…possèdent ce même type de construction où la cloche, équilibrée par un pesant joug en bois, réalise des tours complets, développant ainsi un son très fort qui s’entend de loin.
Amoureux du Périgord et de ses vieilles pierres, vous serez émerveillés par le patrimoine religieux de la Vallée Vézère
L’art roman caractérise ces lieux sacrés, les formes sont pures et parfois un peu sévères mais taillées dans un beau calcaire blond et lumineux qui est un atout de l’architecture périgourdine. L’église rurale symbolise aussi l’existence de la commune elle-même, son clocher représente le village. Le clocher-mur ne correspond pas à une économie de moyens pour une population à faible ressource. C’est l’Occitanie tout entière qui a développé son propre style en rivalisant avec les églises à clochers-tours.
Une église à part, Notre-Dame de Fontpeyrine
L’histoire de Fontpeyrine viendrait d’un bœuf et son maître qui aurait découvert une statuette de Marie au fond d’une fontaine. Celle-ci fut apportée à l’église de Tursac. La légende raconte que la statuette serait revenue d’elle-même depuis le village jusqu’à la fontaine des pierres (Fontpeyriere). Une chapelle est alors construite au XIVème siècle à proximité de la fontaine ainsi que certains éléments de la statue placée au-dessus de la fontaine représentant un personnage vêtu d’une sorte de coule monastique (B.S.H.A.P, 1976 p : 258).
Une église miraculeuse
Un orage dévastateur s’abattit sur la contrée en épargnant Tursac et Fontpeyrine. Les paroissiens firent le vœu de partir en procession au sanctuaire chaque fête de la Visitation et tinrent parole jusqu’à la Révolution. Les lundis de Pentecôte et le 8 septembre, la foule s’y amassait. On comptait alors jusqu’à 22 paroisses dans le petit vallon.
Quelques faits mémorables/marquants :
– En 1818, Monsieur Mercier fit construire l’oratoire où est placée la statue. Certainement suite à la guérison dite miraculeuse d’un adolescent du pays qui offrit à la Vierge ses béquilles devenues inutiles.
– En 1826, Mgr de Lostanges, évêque de Périgueux, jeta l’interdit sur la chapelle, à la suite de rapports qualifiés de « légers » (scandales ecclésiastiques, rassemblements de marchands dans la chapelle ouverte à tous les vents).
– Le 8 décembre 1845, la chapelle de Fontpeyrine fut rouverte au culte suite à sa restauration rendue possible grâce à la générosité de la famille de Carbonnière de Marzac (dont elle devint la chapelle funéraire).
– Suite à sa restauration on y emmena la Vierge ancienne conservée en l’église de Tursac. Vint alors l’ère des grands pèlerinages qui mirent sur les sentiers de Fontpeyrine des milliers de pèlerins.
– En 1869, la chapelle eut de nouveau besoin d’être restaurée : « les saints débris des ruines jonchent le sol sacré de Fontpeyrine ». Une souscription fut alors ouverte.
– Le 21 juin 1875, la grêle épargna Tursac. On décida de célébrer une journée d’actions de grâces : 800 hommes étaient présents.
– En 1889, des milliers de cierges brûlaient autour de la chapelle. La délégation de Valojoulx et de la Chapelle Aubareil comptait 500 pèlerins présents.
– En 1891, on dénombrait de 4 à 5000 fidèles et douze dignes ecclésiastiques pour entendre les confessions.
– En 1897, les curés conseillent à leurs ouilles d’emporter leurs provisions : « le divin Sauveur n’a pas promis à Fontpeyrine la multiplication des pains ! » Aujourd’hui la chapelle de Fontpeyrine est fermée mais continue d’être entretenue et utilisée pour des officiels religieux, notamment lors du pèlerinage du 8 septembre. Vous pourrez tout de même l’observer et vous laissez imprégner par les légendes de ce lieu lors d’une balade autour du village de Tursac.
Zoom sur l’église de Mauzens et Miremont
Cette église aux charmes discrets a quelque chose d’envoutant qui vous transporte dans un temps médiéval. Le début de sa construction date du XIIème siècle et comme beaucoup d’autres églises sera l’objet de nombreuses évolutions. Jean Secret en dira à son sujet :
"…sorte d'église-donjon, maintenant dévoûtée et fort retouchée : ainsi les contreforts plats ne subsistent qu'au nord. Toute la partie orientale de cette église est une addition gothique. L'ouest est d'origine romane. Un lourd clocher-mur, à trois baies campanaires, repose à l'ouest de cette partie romane qui devait s'achever autrefois par une abside, laquelle a fait place à trois travées gothiques. Le portail occidental a été retouché au XIII° siècle."
Si vous aimez sortir des sentiers battus, la visite du village de Mauzens-et-Miremont et sa vieille église Saint-Martin vous tendent les bras.
Le trésor discret de Savignac-de-Miremont
Datant également du XIIème siècle, l’église Saint-Denys de Savignac-de-Miremont a elle aussi connu bien des péripéties. Son portail ne sera d’ailleurs définitif qu’à partir du XVIIème siècle. Une surprise de taille attendra les curieux qui s’y rendront. Car elle conserve un mobilier particulier, notamment un retable en bois polychrome du XIIème siècle, des dais d’exposition et deux statuettes du maître-autel, classés au titre des monuments historiques depuis le 24 janvier 1979.
L’église de Saint Eumach à Saint Chamassy
Saint Eumachus était un confesseur du VIème siècle, c’est de ce personnage dont l’église de Saint Chamassy tire son nom. Plus récente que les églises précédentes, ses débuts datent du XIIème siècle. Le tout formait un ensemble avec la demeure seigneuriale et était relié par un portail gothique. Les guerres de religion eurent raison de cet ensemble harmonieux, mais les restaurations successives en font le charme actuel. Les curieux auront le plaisir d’y découvrir un chemin de croix ainsi qu’un Christ datant du 15° siècle.